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La cheffe de file du Rassemblement nationale, Marine Le Pen, s'est dite dimanche victime d'une "décision politique" après le jugement qui l'a condamnée en première instance pour détournement de fonds publics, Gabriel Attal lui répondant par meeting interposé: "tu voles, tu paies".
"Ce n'est pas une décision de justice, c'est une décision politique" qui a "non seulement bafoué l'Etat de droit, mais aussi l'Etat de démocratie", a martelé Mme Le Pen, lors d'un meeting organisé en urgence près des Invalides à Paris.
Se disant victime d'une "chasse aux sorcières" - terme utilisé par Donald Trump pour lui marquer son soutien - elle a réfuté tout "esprit de sédition" et s'est réclamée de Martin Luther King, défenseur des droits civiques: "Nous ne demandons pas d'être au-dessus des lois, mais pas au-dessous des lois. Nous ne sommes pas des sous-citoyens".
Avant elle, son dauphin Jordan Bardella avait fustigé la décision "scandaleuse" du tribunal judiciaire de Paris, se félicitant de la présence de 10.000 sympathisants alors que la place Vauban était loin d'être remplie.
Mme Le Pen a été condamnée lundi dans l’affaire des assistants parlementaires des députés européens à une peine de quatre ans de prison, dont deux sous bracelet électronique, 100.000 euros d'amende et surtout cinq ans d'inéligibilité immédiate, qui pourraient lui barrer la route de l'Elysée en 2027.
Si un procès en appel a été promptement annoncé d'ici l'été 2026, le RN a rapidement appelé ses partisans à se mobiliser contre "la dictature des juges". Rhétorique encore reprise par son député Jean-Philippe Tanguy fustigeant dimanche sur BFMTV "une partie de cette magistrature qui s'oppose à la démocratie".
- "Ingérence sans précédent" -
Le président de Renaissance Gabriel Attal, a répliqué depuis Saint-Denis en ouverture d'un meeting de son parti, entouré de ses alliés Edouard Philippe et François Bayrou, s'en prenant à "l'extrême droite qui se réunit aujourd'hui pour attaquer nos juges, attaquer nos institutions".
"Nous, ici, nous ne disqualifierons jamais une décision de justice", a-t-il ajouté.
Message réitéré un peu plus tard dans l'après-midi, lors d'un discours devant les militants de Renaissance: "Si tu voles, tu payes, surtout quand on est un responsable politique", a-t-il dit, en promettant de pas voter la proposition de loi mise sur la table par Eric Ciotti, allié de Marine Le Pen, pour supprimer l'exécution provisoire concernant les peines d'inéligibilité.
M. Attal a aussi fustigé "une ingérence sans précédent" dans le soutien de Donald Trump, Vladimir Poutine ou encore Viktor Orban à Mme Le Pen. "Au profit de qui? D'un de leurs prestataires de service chez nous, le Rassemblement national", a-t-il lancé.
L'événement a réuni près de 9.000 personnes dans la journée, selon les organisateurs.
M. Bayrou avait pour sa part estimé, dans un entretien au Parisien, qu'il n'était "ni sain ni souhaitable" d'organiser un rassemblement pour protester contre une décision de justice.
- "Parti violent" -
En début d'après-midi, un troisième rassemblement politique s'était tenu, réunissant une partie de la gauche place de la République pour soutenir l'institution judiciaire.
Le coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard a estimé que "l'extrême droite montr(ait) son vrai visage", celui d'un "parti violent qui menace y compris les juges quand les décisions prises par la justice ne leur conviennent pas". Plus de 15.000 personnes ont selon lui répondu à l'appel (3.000 selon la police) une "première étape" avant une plus grande mobilisation le 1er mai.
La patronne des Ecologistes Marine Tondelier a regretté l'absence des socialistes et des communistes, pour des raisons tenant notamment au "congrès" du PS.
Un peu plus tôt le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait expliqué sur France 3 ne pas vouloir "donner le sentiment que ce serait une manifestation qui aurait un caractère politique". Son parti sera en revanche présent "la semaine prochaine" à une autre manifestation "à l'appel des syndicats, des ONG, des associations", a-t-il ajouté.
Tout plutôt que de "donner prétexte à Marine Le Pen pour dire +vous avez d'un côté la gauche qui défend les magistrats et de l'autre vous avez la droite et l'extrême droite qui s'en méfient+", a-t-il dit.
Q.Pilar--TPP