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Le géant américain des puces Nvidia a annoncé mardi que les nouvelles restrictions à l'export de semi-conducteurs vers la Chine vont lui coûter 5,5 milliards de dollars de charge exceptionnelle au premier trimestre de son exercice fiscal.
Le gouvernement de Donald Trump a fait savoir la semaine dernière au groupe californien qu'il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces d'intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d'autres pays, d'après un document déposé par l'entreprise auprès de la SEC, le gendarme boursier américain.
Le cours de l'action Nvidia chutait de plus de 5% lors des échanges après la clôture de la Bourse de New York.
Sous Joe Biden et à présent sous Donald Trump, les Etats-Unis ont interdit ou restreint les exportations des processeurs les plus sophistiqués vers la Chine, notamment ceux qui permettent de développer des technologies d'IA de pointe et des superordinateurs.
Washington essaie ainsi de conserver son avance dans ce secteur, et d'empêcher Pékin de développer certaines applications militaires.
La licence d'exportation désormais exigée par l'administration américaine concerne les puces H20, conçues spécialement par Nvidia pour être vendues en Chine en respectant les restrictions.
Les H20 sont comparables aux puces IA H100 et H200 utilisées aux Etats-Unis, mais moins performantes et moins rapides.
- "Stocks" -
"Les résultats du premier trimestre devraient inclure jusqu'à environ 5,5 milliards de dollars de charges associées aux produits H20 (à cause des coûts) des stocks, des engagements d'achat et des réserves liées", a détaillé Nvidia dans le document à la SEC.
Le premier trimestre de son exercice annuel décalé correspond à la période de février à avril 2025.
Le succès phénoménal de ChatGPT et la course à l'intelligence artificielle (IA) générative ont propulsé Nvidia au top 3 des capitalisations boursières, car ses puces sont les plus recherchées du marché.
Son chiffre d'affaires annuel a dépassé le seuil symbolique des 100 milliards de dollars.
Mais le lancement fin janvier de DeepSeek, interface d'IA générative de la start-up chinoise du même nom, a provoqué un séisme à Wall Street et accentué les inquiétudes des autorités au sujet de la Chine.
DeepSeek a en effet été développée sans le H100, microprocesseur vedette de Nvidia, et uniquement avec un nombre réduit de puces moins performantes.
- Concurrence chinoise -
Lors de la conférence sur les résultats trimestriels de son entreprise en février, le patron Jensen Huang a souligné que les recettes réalisées en Chine avaient diminué de moitié par rapport à leur niveau avant les contrôles à l'exportation.
Il avertit régulièrement que la concurrence chinoise progresse rapidement.
Lundi, Nvidia a annoncé qu'elle allait fabriquer des puces pour les superordinateurs d'IA entièrement aux États-Unis pour la première fois, alors que Donald Trump tente d'obliger les entreprises américaines à relocaliser leur production.
La société dépend de ses sous-traitants pour la production des semi-conducteurs, et donc d'usines en Asie, notamment à Taïwan et en Chine.
Elle a promis que les fabricants taïwanais TSMC, Foxconn et Wistron vont accélérer la production aux Etats-Unis et construire de nouvelles usines spécialisées dans l'année à venir.
"La relocalisation de ces industries est une bonne chose pour les travailleurs américains, pour l'économie américaine et pour la sécurité nationale des États-Unis", a réagi la Maison Blanche dans un communiqué lundi.
Les semi-conducteurs ont été exemptés des nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump, mais plus pour longtemps.
Le président américain a déclaré dimanche qu'il annoncerait "dans la semaine" de nouvelles taxes sur les puces entrant aux Etats-Unis.
T.Musil--TPP