The Prague Post - Eclipsée par l'Amazonie, l'inestimable savane brésilienne en danger

EUR -
AED 4.236906
AFN 83.052265
ALL 99.951286
AMD 450.953158
ANG 2.078958
AOA 1058.344818
ARS 1293.868731
AUD 1.794298
AWG 2.076317
AZN 1.957063
BAM 1.984827
BBD 2.32764
BDT 140.068402
BGN 1.985303
BHD 0.429943
BIF 3379.782134
BMD 1.153509
BND 1.513486
BOB 7.966785
BRL 6.697625
BSD 1.15286
BTN 98.411194
BWP 15.890386
BYN 3.772907
BYR 22608.781508
BZD 2.315665
CAD 1.593861
CDF 3318.645799
CHF 0.933004
CLF 0.028907
CLP 1109.27242
CNY 8.419354
CNH 8.434079
COP 4933.559108
CRC 579.372921
CUC 1.153509
CUP 30.567995
CVE 112.354403
CZK 25.007509
DJF 205.001703
DKK 7.467756
DOP 69.791369
DZD 151.276875
EGP 58.130404
ERN 17.302639
ETB 153.444011
FJD 2.636057
FKP 0.867895
GBP 0.860725
GEL 3.166415
GGP 0.867895
GHS 17.948745
GIP 0.867895
GMD 82.475252
GNF 9984.203698
GTQ 8.879862
GYD 241.840947
HKD 8.950407
HNL 29.81825
HRK 7.547065
HTG 150.44008
HUF 407.223034
IDR 19437.6692
ILS 4.252285
IMP 0.867895
INR 98.184805
IQD 1511.097131
IRR 48591.577254
ISK 145.099778
JEP 0.867895
JMD 182.214763
JOD 0.818181
JPY 161.780807
KES 149.78339
KGS 100.624656
KHR 4631.33931
KMF 500.051616
KPW 1038.158335
KRW 1641.143928
KWD 0.353712
KYD 0.96075
KZT 603.485551
LAK 25016.739114
LBP 103354.429831
LKR 344.801479
LRD 230.672989
LSL 21.751602
LTL 3.406013
LVL 0.697746
LYD 6.309679
MAD 10.6988
MDL 19.943662
MGA 5251.803934
MKD 61.772463
MMK 2422.016034
MNT 4114.936305
MOP 9.216992
MRU 45.489248
MUR 51.388769
MVR 17.760921
MWK 2002.491788
MXN 22.6912
MYR 5.052945
MZN 73.714999
NAD 21.751602
NGN 1852.063207
NIO 42.420368
NOK 11.931594
NPR 157.457708
NZD 1.917957
OMR 0.444112
PAB 1.15286
PEN 4.340614
PGK 4.767725
PHP 65.384939
PKR 323.677086
PLN 4.268817
PYG 9227.952304
QAR 4.19947
RON 4.973239
RSD 118.96985
RUB 93.44031
RWF 1632.215604
SAR 4.32795
SBD 9.605
SCR 16.422459
SDG 692.68337
SEK 10.968437
SGD 1.504684
SHP 0.906477
SLE 26.271169
SLL 24188.49371
SOS 659.244278
SRD 42.853107
STD 23875.312769
SVC 10.087523
SYP 14997.763114
SZL 21.708658
THB 38.215603
TJS 12.381485
TMT 4.037282
TND 3.446713
TOP 2.701632
TRY 44.121873
TTD 7.822397
TWD 37.479248
TZS 3097.172238
UAH 47.775686
UGX 4225.948057
USD 1.153509
UYU 48.347041
UZS 14897.571677
VES 93.271179
VND 29881.657396
VUV 139.53576
WST 3.203299
XAF 665.703994
XAG 0.035398
XAU 0.000332
XCD 3.117417
XDR 0.818945
XOF 663.268194
XPF 119.331742
YER 282.89831
ZAR 21.533021
ZMK 10382.942582
ZMW 32.827073
ZWL 371.429511
  • AEX

    -1.3700

    852.2

    -0.16%

  • BEL20

    -3.3600

    4197.65

    -0.08%

  • PX1

    -43.9800

    7285.86

    -0.6%

  • ISEQ

    -177.5500

    9967.91

    -1.75%

  • OSEBX

    0.7200

    1447.47

    +0.05%

  • PSI20

    -10.1200

    6735.84

    -0.15%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    3.1800

    2654.25

    +0.12%

  • N150

    5.1900

    3250.59

    +0.16%

Eclipsée par l'Amazonie, l'inestimable savane brésilienne en danger
Eclipsée par l'Amazonie, l'inestimable savane brésilienne en danger / Photo: Nelson ALMEIDA - AFP

Eclipsée par l'Amazonie, l'inestimable savane brésilienne en danger

Quand la famille de Carminha Maria Missio a acheté des terres dans le Cerrado, immense savane brésilienne au sud-est de la forêt amazonienne, elle s'est attiré des sarcasmes.

Taille du texte:

"On nous disait qu'on ne pouvait même pas espérer voir des lézards sortir de ces terres sablonneuses", raconte-t-elle à l'AFP.

C'était en 1979 et sa famille de modestes agriculteurs vendait une petite ferme dans le sud du Brésil pour partir à l'aventure à l'autre bout du pays.

Aujourd'hui, cette grand-mère fringante de 67 ans est considérée par l'édition brésilienne du magazine Forbes comme l'une des femmes les plus influentes du pays dans le secteur agricole.

Peu connu en dehors du Brésil, le est la savane la plus riche en biodiversité de la planète.

En plus d'une variété extraordinaire de plantes et d'animaux, dont des jaguars, elle abrite les sources qui alimentent des bassins hydrographiques de tout le pays. Cela lui vaut le surnom de "berceau des eaux".

Mais, alors que la préservation de l'Amazonie est une préoccupation mondiale, la destruction de la savane s'accélère loin des regards.

La moitié de la végétation native du Cerrado a déjà disparu: prairies et arbustes sont remplacés par des champs de soja, de céréales ou de coton à perte de vue.

Si le plus grand pays d'Amérique latine est devenu une puissance agricole de premier plan, premier exportateur mondial de soja, c'est en effet en grande partie grâce au Cerrado.

- "Écosystème sacrifié" -

Au cœur de ce territoire, la commune de Sao Desiderio, dans l'Etat de Bahia (nord-est), est en tête du classement national de la déforestation cette année.

Son paysage après la saison des récoltes est un gigantesque patchwork, avec de rares taches vertes de végétation native de la savane subsistant au milieu d'immenses champs marron.

Faire pousser des céréales sur les terres sablonneuses et pauvres en nutriments est rentable si la production s'opère à grande échelle.

Financés pour la plupart par des multinationales de l'agro-alimentaire comme Cargill ou Bunge, les agriculteurs investissent massivement dans l'irrigation, les engrais et les pesticides.

Pour transformer la savane en terres arables, ils utilisent le "correntao", une grosse chaîne reliant deux bulldozers qui rase toute la végétation sur son passage.

La technique du brûlis est également employée. Une surface de la taille de la Suisse a brûlé dans le Cerrado l'an dernier, selon le collectif de recherche MapBiomas, qui regroupe des ONG et des universités.

Des experts avertissent par ailleurs que la région s'assèche en raison de la dégradation des sols et des systèmes d'irrigation.

Le Cerrado est "un écosystème sacrifié", cingle Leticia Verdi, de l'ONG de défense de l'environnement ISPN.

Le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a pour l'instant tenu sa promesse de freiner la déforestation en Amazonie: elle a baissé de moitié depuis son retour au pouvoir en janvier.

Mais dans la savane, la situation s'est aggravée, avec une hausse de 27% du déboisement.

"La déforestation s'est déversée de l'Amazonie vers le Cerrado", déplore Leticia Verdi.

- "Amazonie souterraine" -

Rodrigo Agostinho, président de l'agence environnementale publique Ibama, est catégorique: "Le Cerrado est aussi important que l'Amazonie dans la lutte contre la crise climatique".

Ces deux écosystèmes sont étroitement liés.

La savane se nourrit des précipitations favorisées par la forêt tropicale, qui dépend pour sa part des sources du Cerrado pour alimenter ses cours d'eau.

Les deux jouent un rôle majeur contre les gaz à effet de serre: la forêt amazonienne grâce à ses millions d'arbres, la savane par le biais d'un système de racines très profondes qui regorgent de biomasse absorbant le CO2. D'où le surnom d'"Amazonie souterraine".

Cet effet miroir est aussi valable à d'autres égards. En Amazonie, 95% de la déforestation est illégale. Dans le Cerrado, 95% se fait en toute légalité, selon l'Ibama.

Un paradoxe dû, selon les ONG de défense de l'environnement, à l'influence du puissant lobby de l'agronégoce.

Les agriculteurs en Amazonie n'ont le droit de déboiser que 20% de leurs terres. Dans la plupart des localités du Cerrado, c'est tout le contraire: ils doivent seulement préserver 20% de la surface occupée.

- Violence rurale -

Certains grands propriétaires terriens utilisent des méthodes musclées pour contourner ces règles.

Joao da Silva en a fait les frais. Chez ce quinquagénaire (dont le nom a été changé pour raisons de sécurité), il n'y a ni électricité ni eau courante.

Mais cet homme a fait installer cinq caméras de surveillance à énergie solaire autour de sa petite ferme après que sa mère a été menacée en 2018 par des hommes armés ayant fait irruption dans sa propriété.

Il a lui-même été menacé de mort par la suite et a échappé de peu à une sortie de route quand un pick-up a percuté son véhicule.

"Ils m'ont dit que je devais quitter mes terres, qu'elles ne m'appartenaient plus", confie ce père de cinq enfants, qui avait déjà survécu à une attaque au couteau dans un marché en 2016.

Selon plusieurs ONG, des propriétaires d'immenses ranchs s'accaparent des terres non déboisées de petits fermiers du Cerrado pour les incorporer aux leurs et respecter ainsi le quota de surfaces préservées.

Des leaders de communautés d'éleveurs traditionnels de la région ont dit à l'AFP avoir été victimes d'attaques d'hommes de main qui leur ont tiré dessus, ont tué leur bétail et brûlé leurs fermes.

Une violence courante au Brésil, où ont été recensés 377 meurtres de défenseurs de l'environnement ou de victimes de conflits fonciers en milieu rural depuis 2012, selon l'ONG Global Witness.

- Education durable -

Mario Alberto dos Santos, professeur à l'Université fédérale de l'Ouest de Bahia, tente de changer la donne par l'éducation, en donnant des cours d'agriculture durable à des jeunes de localités reculées du Cerrado.

Il leur apprend à faire pousser des espèces natives, en privilégiant la culture bio et en plantant des arbres au milieu des plantations.

"Nous avons un long chemin à parcourir", admet-il, préconisant de "transformer en profondeur" le système mondial de production, très largement fondé sur des "monocultures qui utilisent des pesticides et ne sont pas compatibles avec la préservation de l'environnement".

Le Parlement européen a adopté en avril un règlement qui interdit l'importation de plusieurs produits agricoles lorsqu'ils sont issus de la déforestation.

Mais la savane brésilienne n'est pas concernée: sa végétation native n'est pas considérée à proprement parler comme une "forêt".

Des mouvements écologistes font pression sur l'Union européenne pour étendre cette règle à d'"autres zones boisées", comme le Cerrado.

Pour Daniel Santos, de l'antenne brésilienne du Fonds mondial pour la nature (WWF), pas de doute: inclure ces trois mots dans le texte permettrait de "favoriser la transition vers une production plus durable".

Q.Fiala--TPP