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Des frappes américaines sur un port pétrolier stratégique au Yémen ont fait 58 morts et plus de 100 blessés, ont affirmé vendredi les rebelles houthis, l'attaque la plus meurtrière depuis le début des bombardements américains contre ces insurgés soutenus par l'Iran.
L'armée américaine avait annoncé jeudi avoir mené des bombardements ayant abouti à la "destruction" du port de Ras Issa, dans la province de Hodeidah (ouest), contrôlée par les rebelles.
"Le bilan de l'agression américaine est monté a 58 martyrs et 126 blessés", a affirmé la chaîne des rebelles Al-Massirah en citant les autorités locales à Hodeida. Un précédent bilan faisait état de 38 morts et 102 blessés.
La chaîne des rebelles Al-Massirah a diffusé vendredi des images de nuit montrant des corps tachés de sang gisant au sol, ainsi que des secouristes transportant des hommes blessés sur des civières, dont l'un présentait des brûlures aux bras et aux jambes.
Des images diffusées plus tôt et présentées comme les "premières images de l'agression américaine" contre le port pétrolier montraient une boule de feu éclairant la zone où se trouvent des navires et d'épaisses volutes de fumée.
L'Iran, qui soutient les Houthis, a condamné vendredi ces frappes "barbares" en dénonçant "un exemple de crime (...) et une violation flagrante des principes fondamentaux de la Charte des Nations unies".
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a également dénoncé une "agression flagrante", et un "crime de guerre avéré".
- "Revenu illégal" -
Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) avait expliqué jeudi que "l'objectif de ces frappes était de s'en prendre aux sources économiques du pouvoir des Houthis".
"Les Etats-Unis ont pris (ces) mesures, afin d'éliminer cette source d'hydrocarbures pour les terroristes houthis, soutenus par l'Iran, et les priver du revenu illégal qui a financé les actions des Houthis pour terroriser toute la région depuis plus de dix ans", a ajouté le Centcom.
Washington, qui a désigné les Houthis comme organisation terroriste étrangère début mars, accuse ceux-ci de s'accaparer les revenus de ce port situé au nord de la ville de Hodeida.
"Ces hydrocarbures devraient être fournis de manière légitime aux habitants du Yémen", souligne le Centcom.
Jeudi, Washington a imposé des sanctions contre une banque du Yémen et ses principaux dirigeants, en raison de son soutien jugé "essentiel" aux Houthis.
Le groupe rebelle est entré dans le collimateur de Washington en déclenchant, en novembre 2023, des attaques contre des navires empruntant la mer Rouge, perturbant le trafic maritime international.
Les Houthis ciblent également Israël en tirant régulièrement des projectiles. Ils disent agir ainsi en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza où le Hamas est en guerre contre Israël depuis l'attaque du mouvement islamiste sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Vendredi matin, l'armée israélienne a une nouvelle fois annoncé avoir intercepté un missile en provenance du Yémen.
Les attaques en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, ont poussé les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l'aide du Royaume-Uni.
Après une accalmie liée à la trêve à Gaza, l'armée américaine a repris ses frappes sur le Yémen le 15 mars, sur instruction du président américain Donald Trump, faisant ce jour-là 53 morts.
Les frappes sur le port pétrolier de Ras Issa interviennent avant des pourparlers entre les Etats-Unis et l'Iran sur le nucléaire iranien, prévus samedi à Rome.
"Les actions militaires au Yémen envoient clairement un signal à Téhéran", a affirmé à l'AFP l'analyste Mohammed Albasha, basé aux Etats-Unis.
"Le message aujourd'hui est sans équivoque: les Etats-Unis visent non seulement les ressources militaires et le personnel des Houthis, mais aussi leur infrastructure économique", a-t-il ajouté.
Des manifestations, organisées par les Houthis, sont prévues vendredi dans plusieurs villes du pays pour protester contre les frappes américaines et en signe de soutien aux Palestiniens de la bande de Gaza.
Dans le fief des rebelles à Saadah, dans le nord du pays, des centaines de personnes sont déjà commencé à défiler aux cris de "mort à l'Amérique, mort à Israël", selon des images diffusées par Al-Massirah.
S.Janousek--TPP