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Les sifflets attendus mercredi à Paris ricocheront sur le cuir épais d'Emiliano Martinez, expert en provocation avec l'Argentine et gardien adoré à Aston Villa, où ce "battant" de 32 ans a fait décoller sur le tard une carrière hachée, puis dorée.
C'est un match dans le match entre le Paris SG et Aston Villa en quarts aller de Ligue des champions: la France contre "Dibu" Martinez, des retrouvailles épicées près de deux ans et demi après le triomphe mondial de l'Argentin face aux Bleus de Didier Deschamps.
Au Qatar, le gardien de l'Albiceleste a dégoûté Randal Kolo Muani en prolongation, Kingsley Coman et Aurélien Tchouaméni aux tirs au but, et la France plus généralement entre ses coups de pression psychologique en finale et ses célébrations grossières après.
Cette image de grand méchant, il s'en accommode voire s'en sert.
Lille en a fait l'expérience en Ligue Conférence il y a un an: hué pendant toute la partie, le gardien d'Aston Villa a invectivé les supporters du Losc lors d'une nouvelle séance de tirs au but qu'il a terminée avec deux arrêts et un carton jaune.
Dans ces cas-là, "je maîtrise parfaitement la situation", a-t-il rembobiné récemment auprès de la chaîne de télévision argentine Telefe. Au Parc des Princes, "l'avantage, c'est que mon équipe aura moins de pression, car on va m'insulter. Ça va être passionnant".
"Dibu", son surnom, c'est ce genre de joueur que les adversaires détestent, et que ses coéquipiers adorent.
"C'est comme ça, il a une réputation, il sait faire avec, la preuve, il a bien géré. Je suis content de l'avoir avec moi", avait d'ailleurs relevé le défenseur français des "Villans", Lucas Digne, après la victoire à Lille.
"Je comprends aussi le côté français car je l'ai été pendant la Coupe du monde. Mais c'est une bonne personne et quand on le connaît, c'est vraiment un bon gars", ajoutait l'ancien latéral de Lille et du PSG.
- Déraciné au parcours tortueux -
Le grand gardien (1,95 m) d'origine modeste né à Mar del Plata est un déraciné qui a quitté très tôt sa famille, pour rejoindre le club d'Independiente à Buenos Aires, puis son pays à 17 ans pour tenter sa chance en Europe, poussé par ses proches.
Il a débarqué à Arsenal en 2010 et y est resté dix années, mais sans le succès escompté. Il a été prêté dans des clubs de rang inférieur, parfois en deuxième division, et a joué moins de 40 fois avec les "Gunners".
"C'est difficile de ne pas penser aux difficultés que j'ai vécues avant d'arriver jusque-là", disait-il la veille du sacre au Qatar. "Je suis un battant, et je me suis battu toute ma vie."
Son départ pour le club de Birmingham en septembre 2020 l'a fait entrer dans une nouvelle dimension, en club comme en sélection.
Il s'est écoulé dix ans entre sa première apparition sur le banc national et son premier match avec l'Albiceleste, en juin 2021 lors des qualifications pour la Coupe du monde...
Mais ensuite, il a enchaîné les capes (51) et les titres, avec Lionel Messi et compagnie, remportant deux titres en Copa America (2021 et 2024) et une étoile en Coupe du monde.
Ce CV doré ne l'a pas vraiment changé sur le terrain, où il continue de multiplier les coups de gueule et les coups d'épaule, comme il l'a encore montré samedi contre Nottingham Forest (2-1).
"Emi" Martinez a écopé d'une suspension de deux matches en septembre 2024 pour des dérapages ayant suivi une victoire contre le Chili (geste obscène) et une défaite contre la Colombie (caméra giflée).
Il y a deux semaines, il a rajouté une dose de provocation à l'humiliation infligée au Brésil (4-1) à Buenos Aires en improvisant quelques jongles dans sa surface après une passe en retrait.
Le prochain spectacle est prévu mercredi et il s'annonce prometteur.
T.Kolar--TPP